Amap Gaya

La merveilleuse histoire de "Sophie et Gaya"

Tout a commencé bien avant que Sophie ne tombe amoureuse de la terre de Mérigon...
Sophie était installée depuis 6 ans en maraichage bio avec Chistophe à Lafrançaise (82), et tous deux faisaient vivre l'amap Végétoile depuis 2004. Les aléas de la vie ont fait que Sophie et Christophe se sont séparés et ont finalement interrompu leur exploitation agricole commune (été 2011).

Sophie a alors décidé de se réinstaller ailleurs, sachant qu'une partie des amapiens de Végétoile étaient prèts à la suivre dans sa folle migration.
Elle a commencé à chercher une terre propice et à monter l'infernal dossier à présenter à la chambre d'agriculture et aux banques...
Tout ça, avant de pouvoir acheter, le 8 juillet 2011, les terres et la maison du hameau de Tagnère, à Mérigon (09).

Cet endroit présentait les conditions idéales pour Sophie, qui a tout de suite été séduite :
une maison pleine de charme, mais surtout des terres exposées plein Sud, en haut de la crête surplombant le village, et faisant face au Mont Vallier.

L'installation à mérigon, on retrousse les manches !

Les terres que Sophie cultive actuellement n'étaient autres que des prairies où paissaient les vaches du voisin Violetta (éleveur au hameau depuis trois générations).
Ces terres ont du être travaillées, et retravaillées, avant toute utilisation possible pour des cultures.
Et non, on ne reconvertit pas un sol comme ça!

Les terres de Sophie se composaient principalement de bois (bonus pour le chauffage l'hiver) et de presque un hectare de prairie. Ces praires sont divisées en 2 parcelles: celle du haut, travaillée en premier et qui comporte actuellement sur sa partie haute, les tunnels, et le champ du bas, à quelques centaines de mètres en contrebas de la première.

Parmi les premières actions qui ont été menées pour passer aux cultures, il y a eu l'installation de 450m de clôtures ( dans le schéma qui suit) tout autour des parcelles : plantation des piquets, confection à la machine d'une tranchée, installation du grillage). Cette clôture, haute de 2m, empêche chevreuils (amateurs de salades croquantes) et sangliers (laboureurs intempestifs) de saboter le travail de Sophie. Ne reste que les lapins qui peuvent encore s'introduire dans les parcelles, le maillage du grillage prévu pour ces indésirables ce retrouvant finalement enterré pour pallier au problème des sangliers.


Pour préparer le sol à recevoir des cultures, il a fallu d'abord faucher, puis passer la sous-soleuse qui soulève et décompacte l'épaisse croûte formée à force du passage des bovins. Ensuite vient l'amendement de la terre ( dans le schéma qui suit).
Ayant fait faire des analyses de ses sols, Sophie savait qu'ils étaient pauvres. Il a donc fallu les enrichir en éléments nutritifs pour les futures plantations.
Par chance, un agriculteur du village voisin avait encore un bon compost à vendre (au moins 1 an d'âge) ainsi que du fumier et Sophie a pu commencer tout de suite l'épandage.
Le compost doit être mis au minium deux mois avant la plantation, pour que les micro-organismes aient le temps de rendre les nutriments, notamment l'azote, assimilables pour les plantes.

Pour subvenir à la carence en calcium du sol, Sophie a également épandu de la chaux. Le tout étant mélangé avec la terre par ce qu'on appelle un rotavator qui cisaille verticalement la terre sur une vingtaine de cm d'épaisseur et assoupli le sol en surface.
Toutes ces étapes ont été réalisées successivement sur chaque parcelle.
La chronologie est illustrée par le schéma qui suit.
Certains éléments marquant y sont représentés dans les bulles.

Il a aussi fallu installer le système d'irrigation ( sur le schéma).
L'arrivée d'eau (l'eau du réseau) se trouve au sommet de la butte située à une centaine de mètres de la première parcelle. Pour l'acheminer, il a fallu creuser des tranchées chez le voisin pour enterrer les tuyaux qui vont la véhiculer vers chaque parcelle. Un système de vannes manuelles permet le déclenchement de l'irrigation pour la parcelle souhaitée.
L'arrosage se fait soit par goutte à goutte, à l'aide d'un tuyau pré-percé (pour les courges par exemple) ou d'un pique qui dirige l'eau au pied du plant (comme pour les tomates, aubergines et poivrons), soit par aspersion à 2m du sol ou à l'aide d'une rampe.
Bien qu'idéal parce qu'il économise l'eau, le goutte à goutte ne convient malheureusement pas à toutes les cultures.

Le plus grand chantier engagé chez Sophie a été, vous vous en doutez, le montage des tunnels. Oui, on parlerait d'épopée pour cette étape. Elle a été longue, fastidieuse et pleine de rebondissements !

Les tunnels sont arrivés un beau matin à Mérigon (en kits), et le but était d'obtenir 4 structures de 4m de haut sur 46m de long et presque 10m de large ...
Je vous laisse imaginer l'aspect colossal du travail.

Il s'agissait d'abord de creuser à la pelle des tranchées dans lesquelles seraient enfouies les baches, puis, telle une construction de Lego, d'assembler la structure métallique des tunnels (arceaux et cables) et de poser les fils de fers longitudinaux.
Sophie, Christophe (venu heureusement en renfort), Thibaud et les amapiens ont, tant bien que mal, réussi à venir à bout du montage des structures, après deux mois de travail.
On se souviendra notamment du chantier collectif organisé par Sophie où les amapiens étaient venus nombreux (trop nombreux, même) se dégourdir les gambettes.

A suivi l'étape de couverture des tunnels où il s'agissait de tendre la bâche plastique en l'enterrant de part et d'autre du tunnel. Cela a été fait en novembre 2011 alors que les bâches doivent normalement être tendues à 25 °c pour être suffisamment arrimées. Conséquence, la tempête de mi-décembre n'a fait qu'une bouchée de ces bâches; il a fallu les reposer peu de temps après, en attendant de les retendre correctement.

En février 2012, Sophie a fait monter une splendide serre à plants devant sa maison équipée d'une table chauffante pour l'hiver, qui lui a permis dés lors de faire des plants pour les cultures d'été. Cette pouponnière est depuis toujours en activité pour préparer les cultures à venir (sauf au coeur de l'été où les plants sont mis à lever en plein air). Une fois suffisamment levée, la jeune pousse est repiquée dans une motte individuelle.
A un mois généralement, le plant pourra être mis en pleine terre.

Aujourd'hui, ça tourne !

Cycle d'une culture et Rotation :
Les cultures d'une même famille (cucurbitacées, tomates-poivrons-aubergines, etc.) sont plantées les unes à cotés des autres dans une même parcelle.
Il est bon de faire tourner les familles d'une année sur l'autre pour éviter les maladies phytosanitaires notamment. Une même famille ne se retrouvera que 4 ans plus tard sur le même sol.
Une culture reste environ de 3 (pour les salades) à 9 mois (pour le panais) sur le sol.
Le sol voit souvent passer 1 à 2 cultures par an. Tout l'art réside dans l'élaboration du plan du jardin!

    Entre deux cultures il faut :
  • 1- détruire les plants en place,
  • 2- les ensevelir (éventuellement ajouter du compost) puis laisser reposer,
  • 3- préparer à nouveau la terre pour les prochaines cultures en passant la plancheuse notamment (qui dessine les planches, 6 par tunnels).

Alors seulement, Sophie peut semer les nouvelles graines ou bien installer le paillage et mettre les jeunes plants en terre. Il est indispensable d'arroser immédiatement après avoir semé, car c'est l'eau qui va sortir la graine de sa dormance.

Et voila, Sophie, aidée par une poignée de personnes, a réalisé un travail considérable depuis un an. Cet été a montré que son installation a enfin porté ses fruits !

Quelques images de ses merveilleux légumes :